Le jour de la Pentecôte, l'Esprit Saint,
qui est l'Amour même, que le Père et le fils se donnent
mutuellement, transforme radicalement les apôtres. IL les pousse
dehors pour proclamer avec force cet évènement. Suite
au discours de Pierre, 3000 personnes se font baptiser. L'Eglise
est née. Elle est le Corps du Christ ressuscité,
animé par le feu de l'Amour même de Dieu. Les actes des
apôtres montrent comment au milieu des persécutions,
cette église, peuple de Dieu s'organise et se développe
toujours sous l'onction de l'Esprit Saint.
" Seulement au 5me siècle, Saint Augustin, évêque
d'Hippone, aujourd'hui Annaba, en Algérie, a écrit un
livre pour expliquer que tout le monde étant chrétien,
(du moins le croyait-il) les dons et les charismes de l'Esprit saint
ne s'exerçaient plus dans l'Eglise. Mais Dieu a de l'humour,
car quelques années après, Augustin constatera que des
miracles et des guérisons se réalisaient dans sa basilique.
Alors avec grande humilité et courage, il écrit un nouveau
livre pour se rétracter et affirmer que les dons et les charismes
existaient toujours. Il écrira un texte magnifique sur l'Esprit
Saint et le chant en langues. Malheureusement, il semble que dans
l'église catholique, ce texte ait été oublié
et que tout le monde a continué de croire que l'Esprit Saint
n'agissait plus dans l'Eglise.
Cependant beaucoup de saints ont été animés par
l'Esprit Saint, peut-être sans LE connaître. C'était
Jésus qui agissait en eux. Or sans l'Esprit Saint en action,
dans ses membres, l'Eglise ne peut évangéliser, ni s'adapter.
C'est pourquoi, elle a imposé à tous les peuples, sa
langue : le latin, la même liturgie, les mêmes signes
distinctifs, oubliant que chaque peuple a ses modes de vie, sa culture,
son langage. Le latin était pour l'ensemble des baptisés
: " le mystère de l'Eglise "
Au 9eme siècle, l'Eglise a eu beaucoup de mal à accepter
la méthode d'évangélisation des slaves par saint
Cyrille et Méthode, qui ont dû venir à Rome pour
se défendre.
Au 16eme siècle, avec les pères jésuites Mattéo
Ricci en Chine et au 17eme siècle Robert de Nobili, en Inde
auront moins de chance. Cela provoquera la suppression de la congrégation
des jésuites. Ainsi l'Eglise oublie que le jour de la Pentecôte,
les apôtres sous l'onction de l'Esprit Saint, se sont exprimés
en toutes les langues de leurs auditeurs. Tous les comprenaient (voir
texte de la Pentecôte (Actes 2, 1 à 36) Jésus
Christ, comme les apôtres, n'avaient aucun signe distinctif.
Ils étaient habillés comme les hommes de leur temps.
Ils avaient comme nous leur caractère, leur tempérament.
Or la richesse de l'Eglise, c'est la liberté, donc la mise
en pratique de la Parole de Dieu :
" Si vous demeurez dans ma Parole, vous êtes vraiment mes
disciples et vous connaîtrez la vérité et la vérité
vous libèrera " (Jean 8, 31-32)
Certes, l'unité se réalisait partout par le latin :
langue chantée à l'église, mais ignorée
de l'ensemble des baptisés. N'oublions pas que cela n'a nullement
empêché des peuples chrétiens de se faire la guerre,
pendant des siècles. Ce qui fait la richesse d'une grande famille,
c'est que chacun s'exprime dans sa langue, sa culture, ses vêtements,
sa psychologie. Cela n'empêche pas de vivre ensemble sa foi
en Dieu, son amour de Dieu et des autres. L'amour supprime les différences,
mais s'enrichit de ces différences. Seul l'Esprit Saint est
Celui qui s'adapte partout, encore faut-il lui donner la place qui
lui revient ; qui est toujours celle de la Pentecôte et des
actes des apôtres.
Or aujourd'hui, au début de ce 21eme siècle, l'Eglise
a du mal à se mettre sous l'onction de l'Esprit Saint pour
vivre une nouvelle Pentecôte. Il est vrai qu'après des
siècles de rigidité, de " statu quo " il est
difficile d'accepter que des catho exultent de joie, frappent dans
leurs mains, lèvent les mains, applaudissent et dansent devant
le Saint Sacrement. Toutes ces expressions, les évêques
et les prêtres les proclament tous les jours en priant les psaumes.
Seulement cela était bon au temps du roi David. J'ai connu
dans mon enfance, ma jeunesse, une église où nul ne
devait bouger pendant la messe ou les vêpres, ni parler, ni
rire, bref, ne rien exprimer. Aujourd'hui j'admire tous ceux qui essayent
aux messes des familles, de faire lever les mains, applaudir, rythmer
les chants. Que cela est difficile et pénible. Il est vrai
que cela demande préparation et explications.
L'Esprit Saint étant la vie même de l'Eglise, doit avoir
sa place dans la vie de chacun, comme dans la vie de famille et la
communauté paroissiale. Lorsque Jésus nous dit : "
Hors de Moi, vous ne pouvez rien faire " (Jean 15, 5) IL
met chacun de nous devant ses responsabilités. N'oublions pas
que Dieu est Dieu, que les trois personnes divines sont inséparables.
Elles agissent ensemble dans une communion totale. Mais aujourd'hui,
c'es l'Esprit Saint qui construit et vitalise l'Eglise :
C'est LUI, l'Esprit, qui donne à tous la joie et la
force, mais aussi la simplicité et l'humilité pour s'exprimer,
exulter de joie, manifester le bonheur que nous avons d'être
rassemblés au NOM de JESUS CHRIST sous l'onction de l'Esprit.
C'est LUI, l'Esprit qui donne à tous, la force de vaincre
la peur, les habitudes pour devenir vraiment des enfants de Dieu le
Père débordants de paix, de joie et d'amour. Nous sommes
alors de vrais témoins de Jésus ressuscité et
non des chrétiens " statufiés "
Tout chrétien doit être témoin du Christ Jésus
et non, un consommateur de sacrements. Jésus nous dit :
" JE vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre
joie soit parfaite " (Jean 15, 11 ; 16, 21-22 ; 17,13)
Pour être témoin du Christ ressuscité, il faut
avoir un visage qui rayonne la paix, la joie, donc un visage de converti,
comme cette maman qui était sans cesse abordée par des
personnes qui lui demandait : " Comment, Madame, pouvez-vous
être si heureuse ? " Cette joie est le fruit de
l'Esprit Saint. Personne ne peut être témoin du Christ,
sans l'Esprit Saint (Actes 1, 8) Tant que, dans l'Eglise, nous aurons
peur que l'Esprit Saint agisse en nous, en toute liberté, nous
n'arriverons pas à proclamer et à vivre l'Evangile,
par peur du monde. Si l'Esprit Saint agit en nous, de qui aurions-nous
peur ? Car là où est l'Esprit de Dieu, le Père
et le Fils sont présents et Jésus dit :
" Gardez courage, j'ai vaincu le monde " (Jean 16, 33 ;
14, 30 ; 1 Jean 2, 14) Alors pourquoi tant de baptisés
ont peur d'affirmer leur foi ? Il est vrai qu'en Occident, l'ensemble
des baptisés ignore la Parole de Dieu révélée
par Jésus lui-même. Or c'est LUI Jésus, qui le
jour de l'Ascension, dit aux disciples, donc à tout baptisé
: " Vous allez recevoir une force, celle
de l'Esprit saint, qui descendra sur vous. Vous serez mes témoins
à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie
et jusqu'aux extrémités de la terre " (Actes 1,
8)
" C'est LUI, l'Esprit, qui nous comble de ses dons de
sagesse, d'intelligence, de conseil, de force, de science, de crainte
et de piété ; des charismes de foi, de miracles, de
guérison intérieure et physiques, de prophétie
et de discernement, du parler et du chant en langue, de l'interprétation
des langues.
" C'est LUI, l'Esprit, qui produit en nous ses fruits
de paix, de joie, d'amour, de tendresse, de compréhension,
de maîtrise de soi, de simplicité et d'humilité.
Voilà pourquoi toute église qui a peur de l'Esprit Saint,
se stérilise, se sclérose et meurt lentement. Nous savons
que la Vérité rend libre. Dieu, en Jésus, peut
dire : " JE suis la Vérité
et la Vie " Cette vérité est la Parole
même de Jésus, Dieu fait homme, "
qui ne dit, que ce que le Père lui dit et ne fait que ce que
le Père Lui montre " (Jean 5, 19-20)(8, 26)(12, 50) Or
seul l'Esprit nous donne la force de réaliser la Bonne Nouvelle
dans nos vies. Dieu est toujours celui qui dit et qui fait (Ezéchiel
17, 25 et 36, 36). N'oublions jamais que les apôtres n'ont pu
vivre et proclamer la Parole qu'après avoir accueilli l'Esprit
Saint. Aujourd'hui, c'est l'Esprit Saint qui nous donne, à
nous chrétien, membre vivants de l'Eglise, l'audace de vivre
et proclamer la Parole de Dieu, là où nous vivons. Cela
exige que nous mettions en pratique la mission qui nous est donné
par Jésus (voir Marc 16, 16 à la fin). Et si nous avons
peur, c'est bien le signe que nous sommes infidèles à
l'Esprit Saint.
Portons par notre vie et nos paroles, la Bonne Nouvelle à tous
ceux qui nous entourent.
Dieu nous aime.
Pierre Jarry, prêtre